
Né en 1960, j’ai dès l’âge de 10 ans mené de front ma scolarité et ma double passion pour la photographie et l’électronique.
À partir de 12 ans, je fus initié par mon père, Joseph (qui était instituteur puis Conseiller technique et pédagogique auprès d’un ministère) à l’enseignement des techniques audiovisuelles en vogue dans les années 70-80′ : prise de vue et laboratoire photographique, diaporama, cinéma, montage et prise de son, reportage vidéo.
Déjà, j’étais tombé très jeune dans les bains d’hyposulfite puisque mon grand-père était photographe professionnel.
Dans les années 70′ j’avais également un « vieil » ami (Gilbert Paris, électronicien émérite, ingénieur audiovisuel et créateur de la société Parisonor à Sainte Savine) qui m’a enseigné toutes les bases de son métier (et bien plus…) et m’a offert la possibilité d’apprendre à fabriquer (alors que je n’étais encore qu’un jeune adolescent) mon premier poste radio-amateur et mes appareils de mesure électronique. Ma passion n’en fut que décuplée à son contact… et auprès de Monsieur Massey, le gérant du magasin Aubelectronic (rue du 1er BCP, face au Collège Beurnonville à Troyes), qui m’offrait des composants et des kits en échange de petits services.
Fort de solides compétences techniques, je commençais alors (à l’âge de 16 ans seulement) à animer des stages de formation de plusieurs jours (auprès d’un public d’adultes) en photographie et en techniques audiovisuelles.
Alors qu’en parallèle de ma formation professionnelle high-tech, je pratiquais le dépannage électronique et d’appareils photo depuis déjà plusieurs années, je reprenais en 1981 le petit atelier de mon maître d’apprentissage qui venait de décéder (au 30 rue Gautherin à Troyes) puis je créais en 1983 (à 22 ans) ma première entreprise de réparation de matériel photo et audiovisuel qui rapidement allait élargir ses activités dans le secteur des technologies biomédicales et devenir une start-up reconnue ; dont j’ai cédé tous les contrats hospitaliers en 1992 avant d’entreprendre un tour du monde…
Après un cheminement « initiatique » très riche en rebondissements et en apprentissages aux quatre coins de la planète – où j’ai pu goûter aux joies de l’enseignement, de l’action humanitaire, du photo-journalisme et de l’informatique… – je suis revenu professionnellement à mes premiers amours : l’Électronique et la Photographie qui ne m’ont, de toutes façons, jamais quittés
« La passion et l’expérience au service de la qualité ! »
Philippe Raybaudi – Qui suis-je ?

Ma démarche
La réparation de matériel permet de redonner vie à des appareils souvent de bonne qualité qui sans cela finiraient en déchetterie ; avec des filières de recyclage qui sont perfectibles. Ainsi, cela contrecarre le cercle infernal de cette société de consommation qui pousse toujours plus à l’achat d’équipements neufs, qui ne sont pourtant pas toujours à la hauteur de certains matériels soi-disant dépassés ou à l’abandon.
Autrement dit, un atelier de dépannage comme celui-ci permet de diminuer la production de déchets et c’est donc un geste éco-responsable fort pour l’environnement.
Ensuite, l’appât du gain n’est pas dans ma nature ! Ceux qui me connaissent savent que je ne recherche pas la rentabilité. Le coût de mes services n’est donc pas en relation avec le temps consacré. En revanche, mes prestations sont lentes car c’est une activité de précision et de patience qui demande de rechercher des informations historiques et techniques avant de se lancer dans une restauration. La « renaissance » d’un bel appareil ancien, d’une belle mécanique, d’une électronique bien équilibrée demande beaucoup d’attention et une longue pratique et je souhaite que les personnes qui me confient leurs beaux objets restent avant tout un cercle de passionnés raisonnables.
Mon outillage et les équipements de mon laboratoire de mesure ont été choisis tout au long d’une expérience acquise au fil du temps (plusieurs décennies) et pour servir avec précision et efficacité. Les techniques employées en restauration ainsi que les produits et la maîtrise de leur usage font appel à des procédés traditionnels (Baume du Canada, Laponite, colle de nerfs ou d’os en perles, colle de poisson, lubrifiants Moebius…) qui garantissent une mise en œuvre et un résultat en parfaite adéquation avec la valeur patrimoniale des équipements anciens.
Comme vous l’avez compris, mon activité artisanale s’inscrit dans une démarche à la rencontre entre plusieurs mondes et plusieurs notions essentielles et parfois basiques : entre rapports humains de qualité, philosophie, économie durable, confiance, solidarité et amour du travail bien fait.
Mon parcours
Après ma formation initiale comme apprenti en réparation des appareils photo (1974-1981) et l’obtention d’un CAP de photographie en 1979, j’ai décroché un diplôme d’ingénieur électronicien avec option en ingénierie biomédicale.
En complément de mon atelier de réparation d’appareils photo et d’équipements audiovisuels (que j’avais repris en 1981 au décès de mon maître d’apprentissage – 30 rue Gautherin, 10000 Troyes), j’ai créé en 1983, à 23 ans, une startup sous la forme d’un laboratoire de recherche en technologies médicales. J’ai revendu tous les contrats hospitaliers au groupe Dupont de Nemours en 1992.
Je fabriquais alors des prototypes optiques pour la chirurgie de l’œil, j’adaptais des caméras et des enregistreurs vidéo sur des endoscopes Olympus, et je perfectionnais des baies électroniques pour des systèmes informatisés de surveillance des paramètres vitaux en unités de soins intensifs ou en chirurgie.
Je faisais également la maintenance de robots d’analyse du sang et des premiers appareils d’imagerie médicale (scanners, angiographie numérisée…), ainsi que des unités de développement automatisé de radiographies. Sans oublier le petit matériel médical, tel que pousse-seringues, bistouris électriques, électrocardiographes, endoscopes, échographes, etc., ainsi que l’installation et la maintenance d’équipements dentaires (outillage de prothésistes, fauteuils dentaires, radiologie, compresseurs, séparateurs d’amalgame, scialytiques, micromoteurs, turbines…).
Pour compléter toutes ces connaissances techniques et pratiques, j’ai souhaité prendre du recul sur le plan théorique et bibliographique. J’ai repris des études sur le tard à 37 ans (en 1997) et décroché une licence suivie d’une maîtrise en communication (option écriture scientifique et journalistique), puis un DESS en sociologie appliquée au développement local, avant de m’attaquer à un doctorat en ethnographie.
Pendant tout ce temps, je faisais bouillir la marmite avec ma passion dévorante pour le reportage photographique et la restauration des appareils photo, et accessoirement avec le dépannage informatique.
En parallèle, j’ai occupé tous mes congés pendant plus de 20 ans (entre 1989 et 2012) à partager mon savoir-faire de technicien biomédical lors de missions humanitaires à travers le monde. Cela m’offrait également l’opportunité de réaliser des reportages sur les pays où je me rendais.
Durant toutes ces années bien occupées, j’ai trouvé le temps de m’expatrier cinq ans, période durant laquelle j’étais photoreporter et correspondant pour l’agence Sipa-Press. J’ai également enseigné le photojournalisme à l’Académie des Arts Visuels « Ioan Andreescu » de Cluj-Napoca, en Roumanie, à la fin des années 90. Depuis cette « base arrière » en Transylvanie, j’ai couvert plusieurs reportages durant le conflit en ex-Yougoslavie.
De retour en France en juillet 1995, j’ai retrouvé en haute montagne (dans le Massif de l’Oisans) mon atelier de réparation d’appareils photo, que j’avais déménagé depuis Troyes en Champagne en 1990. J’ai immédiatement été invité à occuper le poste de responsable de la communication et des réseaux informatiques au sein de la société des remontées mécaniques de la station des 2 Alpes (DAL-DAV, 1996-2001). C’était une opportunité professionnelle, tant l’activité de réparation photographique était en déclin du fait de la mutation induite par l’avènement de la photographie numérique.
J’ai ensuite enseigné à l’université (entre 2001 et 2004) les techniques de contre-mesures en matière de cybercriminalité auprès des étudiants en licence et maîtrise à l’IAE Lumière Lyon 2. Parallèlement, j’ai participé en tant qu’activateur au programme numérique gouvernemental France-Num et collaboré au dispositif cybermalveillance.gouv.fr, pour aider les entreprises et administrations victimes de cyberattaques.
Ces activités de conseil m’ont offert l’opportunité de former des équipes hospitalières aux risques liés à la perte ou à la fuite d’informations médicales sensibles, dans le cadre de la numérisation des dossiers patients et de la sécurisation de l’hébergement des bases de données relatives aux données de santé.
Lorsque le regain d’intérêt envers la photographie argentique s’est à nouveau fait ressentir après 2015 – encouragé par les photographes amateurs et professionnels ainsi que par les grandes écoles qui continuaient à pratiquer argentique et numérique de concert – j’ai décidé en 2019 de cesser toutes mes activités en relation avec l’informatique et les réseaux de communication, pour me consacrer à nouveau totalement au dépannage des appareils photo argentique. Un retour complet aux sources, en quelque sorte !
J’ai alors mis en ligne ce site internet dédié uniquement à mon atelier de restauration d’appareils photo anciens : Bronica, Canon, Foca, Fuji, Hasselblad, Kodak, Leica, Mamiya, Minolta, Minox, Nikon, Nikonos, Olympus, Pentax, Plaubel, Rolleiflex, Semflex, etc.
Le bouche-à-oreille initié dans les années 70-80 s’est rapidement transformé en une visibilité internationale, à la fois grâce au site internet et à mon investissement sur les réseaux sociaux et les forums, afin de partager mes connaissances avec d’autres collègues qui, de par le monde, sont tout autant sensibles au transfert de compétences dans le domaine des technologies photographiques anciennes.
Nous formons aujourd’hui un vaste réseau professionnel international de partage de connaissances et d’entraide. Cela est parfaitement visible avec le groupe Facebook « Learn Camera Repair », qui a construit une grande base de données techniques (https://learncamerarepair.com/) et mis en ligne un cours complet de formation à la réparation des appareils photo anciens : https://learncamerarepair.com/productlist.php?category=1
Cette volonté commune et ces actions permettent l’émergence de nouveaux ateliers, animés par de jeunes techniciens ambitieux et volontaires, qui profitent ainsi de l’expérience de « vieux dinosaures » comme moi.
Pour ma part, soucieux de restituer quelque chose de mon parcours, je poursuis la rédaction d’un ouvrage pédagogique qui retrace toutes les étapes d’installation et de gestion d’un atelier de restauration d’appareils photo anciens, et qui regroupera toutes les connaissances techniques détaillées et les recettes – de la manière la plus exhaustive possible – de cette activité artisanale passionnante, qui se rapproche aujourd’hui des métiers de conservation du patrimoine.
J’ai donc inévitablement dû recentrer mes activités sur seulement quelques marques et quelques modèles (Fuji, Hasselblad, Rolleiflex), et je me consacre principalement aux appareils panoramiques Widelux, créés au Japon dans les années 50 par l’usine Panon (totalement détruite par un incendie au début des années 2000). Ces appareils représentent à mes yeux la quintessence de ce qu’il faut maîtriser pour pratiquer pleinement ce métier passionnant de préservation de ces objets techniques extraordinaires, qui traversent les époques sans la moindre obsolescence.
Ou comment faire perdurer la beauté !
–

–