Quel prix ? Il est bien normal de poser la question !
Lorsque l’on détient un appareil de famille que l’on garde précieusement, que l’on est passionnément collectionneur ou que l’on fait usage de son équipement (en amateur ou comme professionnel), le coût de l’entretien ou d’une réparation peut faire hésiter ; et c’est bien naturel !
Cependant, on ne peut pas mettre en relation la valeur marchande résiduelle d’un matériel ancien avec le seul prix des révisions. D’autres critères rentrent inévitablement dans la décision.
En effet, le marché de l’occasion est très fluctuant et force est de constater qu’en fonction du moment, le prix de vente de certains appareils s’envole ; et ce n’est pas toujours le matériel le plus performant ou le plus solide qui en profite. Tout cela n’est souvent qu’un effet de mode ou pire de snobisme. La valeur d’un équipement n’est donc pas dans son prix d’achat, mais dans le service qu’il est capable de rendre, dans sa fiabilité et dans sa capacité à être réparé et maintenu en bon état de fonctionnement au fil du temps qui passe.
On peut faire là un parallèle avec l’automobile.
Par exemple, je roule dans une Renault 4L qui a 40 ans.
Elle m’a coûté en entretien et révisions, durant tout ce temps, 4 fois sa valeur d’achat neuve !
Mais je roule dans un véhicule indestructible qui a énormément de charme et une cote de popularité qui vous rend zen au volant. Elle consomme 4 litres aux 100 km, se répare avec une pince universelle et deux tournevis et elle vous ramène toujours à la maison. Je ne serai jamais en panne de clim, d’un calculateur à 700 euros ou d’une sonde Lambda et je n’aurai aucun filtre à pollen à changer tous les 30 mille kilomètres. En outre, un pneu neuf de 4L coûte une trentaine d’euros et son assurance fait sourire ; quant à la révision des freins à tambours, c’est une fois tous les 20 ans.
C’est donc une autre façon de voir les choses !
Sans compter que même si une automobile de collection à moteur thermique (essence ou diesel) pollue, son empreinte carbone est bien moins importante si on considère le coût du recyclage des véhicules qui partent continuellement à la casse, la fabrication (toujours plus rapide) de véhicules neufs et la difficulté de production ou de retraitement des batteries des véhicules électriques.
De la même manière, si vous entreprenez la restauration d’une vieille ruine (qui a du charme et une histoire) il vous en coûtera plusieurs fois son prix d’achat ! Mais au final, vous aurez autre chose qu’un pavillon neuf dans la périphérie d’une ville.
Finalement, le seul paramètre important est de savoir si on souhaite garder en parfait état d’usage un matériel, qui rend le service que l’on attend de lui et qui, de surcroît, est un exemple patrimonial de son époque et une de ces belles preuves de l’incroyable capacité de l’homme à construire des choses durables, utiles et tellement ingénieuses….
C’est d’autant plus important pour un matériel ancien (détenant peu ou pas de circuits électroniques) qui sera toujours révisable, même dans plusieurs centaines d’années.
La remise en bon état d’un appareil photo argentique est donc également un acte citoyen par opposition à l’acquisition de tous ces équipements à obsolescence programmée fabriqués aujourd’hui.
Dans un monde où la futilité et le retour sur investissement ont pris le dessus, cette course folle pour le remplacement systématique de matériel pourtant réparable par du neuf (à la fiabilité souvent discutable) contribue à finir d’user les ressources naturelles et à polluer gravement notre environnement. Et tout cela en rendant beaucoup d’entre nous esclaves de la société de consommation ou d’un emploi inhumain.
L’argument souvent évoqué est que le prix d’une révision peut être supérieur au prix d’achat d’un équipement ancien ou à sa valeur vénale (pour employer un terme d’assureur)
Et alors !
On peut racheter trois fois le même appareil sur le marché de l’occasion. Il sera toujours trop cher s’il n’a pas été entretenu correctement. Un appareil qui n’a pas été en révision régulièrement (ce qui est normalement indispensable tous les 10 ans environ) présentera tôt ou tard les mêmes dysfonctionnements.
Il faut donc intégrer à la valeur d’un équipement, le coût de la remise en état ou des révisions (CLA, révision, restauration… appelons ça comme on veut) pour obtenir un appareil en parfait état de fonctionnement.
Ce qui signifie que beaucoup d’appareils en vente sont très largement surcotés du fait de leur incapacité à fonctionner parfaitement et longtemps par manque d’entretien minimum.
On ne peut donc pas retrancher le coût de la révision à l’achat d’un matériel d’occasion, mais bien l’ajouter ; ou bien malheureusement la majorité des appareils argentiques sont bons pour la déchetterie.